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Les mémoires de José Carujo

LES VINS DE LA QUINTA DOS ROQUES

NOVEMBRE 1994


J’avais 52 ans. J’ai alors décidé d’importer des vins portugais. J’ai lu des articles, consulté des guides. Mon objectif était dès le départ placer des vins de qualité dans les restaurants. Les vins de la Quinta dos Roques m’ont paru répondre à ma recherche. J’ai pris contact, par courrier avec le bureau à Lisbonne et j’ai obtenu un rendez-vous avec Monsieur Manuel Oliveira, le propriétaire de l’entreprise. Monsieur Oliveira était quelque part surpris que dans ma lettre j’aie cité les grands vins du domaine, le « Garrafeira », le « Reserva », le « Touriga Nacional », mais c’était cohérent avec la stratégie que j’entendais mener. Proposer la qualité basée sur la vinification de cépages indigènes conformément à mon slogan : « L’authenticité garantie par des cépages autochtones ». Je me suis rendu compte rapidement que les cépages portugais étaient pratiquement inconnus du marché, d’une part, et que les prix que je proposais pour ces vins haut de gamme étaient beaucoup trop élevés, d’autre part. Mais alors qu’ils étaient quasiment exclus par des clients, qui tenaient à un rapport prix/pays d’origine (et le Portugal comptait pour du beurre), plutôt qu’à un rapport qualité/prix, faisant valoir que leurs clients ne pourraient ou plutôt ne voudraient pas payer un prix si « fort » pour des vins produits hors France; ces cépages méconnus ont trouvé une acceptation chez des restaurateurs et des sommeliers qui ont demandé aussi des assemblages moins chers qu’ils mettraient sur leurs cartes.


Évidemment c’était un choix qui ne me permettait pas de faire du volume mais qui a consolidé l’image de qualité petit à petit reconnue par les clients des restaurants. J’inscrivais leurs noms sur une liste que je remettais aux futurs clients prospectés et qui ont également ouvert des portes ailleurs. Si - avec de la persévérance - mon chiffre d’affaires a augmenté d’année en année c’est grâce à la présence des vins de la Quinta dos Roques dans mon portefeuille de ventes. J’importais, je stockais, je faisais la prospection du marché, je livrais les commandes et je trouvais encore du temps pour écrire un petit journal qui avait pour titre « Les nouvelles découvertes ». Ce travail était possible parce qu’il se basait sur la qualité des vins, parmi lesquels ceux de la Quinta dos Roques ainsi que ceux de la Quinta das Maias, achetée par l’entreprise en 1997 mais aussi les vins d’autres producteurs situés dans différentes régions.


Lors de la rencontre avec Monsieur Manuel Oliveira, son gendre s’est joint à nous. Luís Lourenço venait d’intégrer l’entreprise le 1er septembre 1994. À partir de cette date il a cessé d’enseigner les maths dans un lycée de Sintra.


En 1997, Luísa, son épouse, également enseignante de maths dans le même lycée a rejoint aussi l’entreprise de son Papa. Mais depuis 1994 ils faisaient déjà tous les deux la gestion des achats et des ventes, notamment à l’export.


Le chais a été construit en 1990 quand un œnologue de renom, Virgílio Loureiro, a rejoint l’équipe, pour faire les assemblages, suivre les vinifications et l’évolution des vins en barrique, décider de la mise en bouteille, etc. L’entreprise a décidé de se séparer de V. Loureiro en 2002 et a fait appel à Rui Reguinga, qui prêtait déjà assistance dans d’autres domaines partout au Portugal mais aussi à l’étranger. Depuis 2004, Rui Reguinga fait ses propres vins (« Terrenus » issus de quelques parcelles de vigne qu’il a achetées dans le nord de l’Alentejo. Après le départ de V. Loureiro, l’homme qui dirigeait les travaux dans le chais, João Manuel Santiago, est devenu progressivement l’oenologue résident du domaine.


Située dans le Dão entre Mangualde et Nelas, à Abrunhosa do Mato, la Quinta dos Roques a contribué à la parution d’un «nouveau Dão». Depuis «les premiers Roques», il y a plus d’un siècle, la vigne et le vin font partie de la vie quotidienne de la famille, alors que pendant longtemps la production ne satisfaisait qu’un peu plus que la consommation familiale.


Au début des années 80, l’agriculture traditionnelle de subsistance où les vignes étaient cultivées par la force des bras et les raisins étaient livrés à la coopérative de Mangualde a cessé. À sa place il a été créé un projet qui avait comme objectif la production de vin de haute qualité. La première étape a consisté à trouver les meilleures terres d’origine granitique et parfois sur les coteaux légers tournés vers le sud, dans lesquels les meilleurs cépages de la région ont été plantés selon des techniques modernes. Dès lors que la production est devenue consistante, Monsieur Oliveira, ancien broker de métaux, a été l’initiateur de ce processus et l’a accompagné conciliant la modernité avec la tradition, la science et la technique avec l’art. Côte à côte les presses électroniques sont arrivées mises à côté des «lagares » en granit pour écraser les raisins, les cuves en acier à côté des barriques en chêne, les systèmes de froid avec des caves souterraines. Et les premiers vins faits avec ce système ont prouvé qu’ils étaient sur le bon chemin.


Actuellement la Quinta dos Roques possède 35 hectares de vignes modernes qui se distinguent des autres par une conduite rationnelle et la qualité des raisins produits. Environ trois quarts de la superficie sont occupés par les cépages rouges dont 40 % de « Touriga Nacional » et un quart par des cépages blancs dont 40 % de « Encruzado» lequel est considéré le meilleur de la région. Monsieur Manuel Oliveira est décédé en 2012. Mais la relève était prête par Luís Lourenço et son épouse qui voyagent souvent à l’étranger, l’exportation représentant 80-85% de leur chiffre d’affaires. Le classement des trois premiers pays étant le Canada, le Japon, les Etats-Unis.


L’un des enfants, José, a intégré l’entreprise depuis 8 ans. Il fait partie de la 3ème génération. La Quinta dos Roques a un très bel avenir. La grand-mère de José est sûrement très heureuse de voir qu’il poursuit le travail de deux générations.




 

JOSÉ CARUJO’S MEMORIES


THE WINES OF QUINTA DOS ROQUES

NOVEMBER 1994


I was 52 years old. I then decided to import Portuguese wines. I read articles, consulted guides. My goal from the beginning was to place quality wines in restaurants. The wines of Quinta dos Roques seemed to be the answer to my dream. I got in touch, by mail, with the office in Lisbon and achieved an appointment with Mr. Manuel Oliveira, the owner of the company. Mr. Oliveira was somehow surprised that in my letter I mentioned the great wines of the estate, the "Garrafeira", the "Reserva", the "Touriga Nacional", but it was consistent with the strategy I intended to pursue. To propose quality based on the vinification of indigenous grape varieties in accordance with my slogan: "Authenticity guaranteed by indigenous grape varieties". I quickly realized that Portuguese grape varieties were practically unknown on the market, on the one hand, and that the prices I was offering for these high-end wines were much too high, on the other hand. But while they were virtually excluded by customers who were more interested in a price/country of origin ratio (and Portugal counted for butter) than in a quality/price ratio, arguing that their customers could not or would not want such a "high" price for wines produced outside France, these little-known varieties found acceptance among restaurateurs and sommeliers who also asked for cheaper blends that they would put on their menus.


Obviously it was a choice that did not allow me to make volume but which consolidated the image of quality gradually recognized by the customers of the restaurants whose names on a list that I gave to future prospects also opened doors elsewhere. If - with perseverance - my turnover has increased year after year it is thanks to the presence of Quinta dos Roques wines in my sales portfolio. I imported, stocked, prospected the market, delivered the orders and still found time to write a small journal with the title "New discoveries". This work was possible because it was based on the quality of the wines, those of Quinta dos Roques, but also those of Quinta das Maias which was bought by the company in 1997 and those of other producers located in other regions.


During the meeting with Mr. Manuel Oliveira he asked his son-in-law to join us. Luís Lourenço had just joined the company on September 1, 1994. From that date he stopped teaching math in a high school in Sintra.


In 1997, Luísa, his wife, also a math teacher in the same high school, also joined her father's company. But since 1994 both of them were already managing the purchase and sales, especially in the export market.


The winery was built in 1990 when a renowned oenologist, Virgílio Loureiro, joined the team, to make blends, follow the vinification and evolution of the wines in barrels, decide on the bottling, etc. The company decided to separate from Loureiro in 2002. It called upon Rui Reguinga, who was already providing assistance in other estates all over Portugal and abroad. And since 2004, he has been making his own wines ("Terrenus") from a few plots of land he bought in the north of Alentejo. After Loureiro's departure, the man who directed the work in the winery, João Manuel Santiago, gradually became the estate's resident oenologist.


Located in the Dão between Mangualde and Nelas, in Abrunhosa do Mato, Quinta dos Roques has contributed to the publication of a "new Dão". Since "the first Roques", more than a century ago, the vine and the wine have been part of the family's daily life, while for a long time the production only satisfied a little more than the family's consumption.


At the beginning of the 1980s, the traditional subsistence agriculture where the vines were grown by force of arms and the grapes were delivered to the cooperative of Mangualde ceased. In its place, a project was created with the objective of producing high quality wine. The first step was to find the best lands of granite origin and sometimes in the light south-facing slopes in which the best grape varieties of the region were planted using modern techniques. As soon as the production became consistent, Mr. Oliveira, a former metal broker, was the initiator of this process and accompanied it reconciling the modern with tradition, science and technique with art. Side by side the electronic presses arrived placed next to the granite "lagares" to crush the grapes, the steel tanks next to the oak barrels, the cooling systems with underground cellars. And the first wines made with this system proved that they were on the right path.


At present Quinta dos Roques has 35 hectares of modern vineyards that stand out from the rest for their rational management and the quality of the grapes produced. Approximately three quarters of the area is occupied by red grape varieties, 40% of which is "Touriga Nacional" and one quarter by white grape varieties, 40% of which is "Encruzado", which is considered the best in the region. Mr. Manuel Oliveira died in 2012. But the next generation was ready by Luís Lourenço and his wife who often travelled abroad, with exports representing 80-85% of their turnover. The top three countries were Canada, Japan and the United States.


One of the children, José, joined the company 8 years ago. He is part of the 3rd generation. Quinta dos Roques has a very bright future. José's grandmother is surely very happy to see that he continues the work of two generations.



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